La
quatrième de couverture.
Au
Japon, l’art érotique a une longue histoire, dont l’âge d’or
s’étale de la fin du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle.
Illustres ou peu connus, les artistes de cette période ont créé
des milliers de shunga – euphémisme qui signifie « images de
printemps » – de toute beauté. Souvent explicites, mais
aussi pleins de tendresse, de sensualité et d’humour, parfois
aussi à visée éducative, ces peintures, estampes et livres
illustrés célèbrent toutes les facettes de la sexualité humaine.
Extrêmement populaires et perçues comme parfaitement normales dans
la société japonaise de l’époque, ces œuvres s’inscrivent au
sein d’une culture raffinée, en quête de plaisirs : celle du
« monde flottant » (ukiyo), gloire du Japon de la période
d’Edo, où beaucoup d’entre elles ont vu le jour. Les shunga
étaient appréciées de toutes les catégories sociales, des
samurais aux couples fraîchement mariés – surtout après
l’avènement de la xylographie, une technique d’impression qui
rendit les « images de printemps » abordables et faciles
à trouver. On pouvait même emprunter des livres de shunga dans les
bibliothèques. Presque tous les artistes du célèbre mouvement de
l’ukiyo-e ont produit des « images de printemps »,
notamment Hokusai, Utamaro et Kuniyoshi. Témoignant d’une
imagination fertile et d’une parfaite maîtrise technique, ces
œuvres sont d’une grande originalité. Grâce à la diversité
impressionnante des images qu’il a choisies au sein de sa propre
collection, d’une ampleur inégalée, Ofer Shogan nous montre toute
la palette des pratiques sexuelles et de leur représentation.
Suivant une approche thématique, il aborde les questions de la
nudité et des vêtements, du voyeurisme, des dieux, des monstres et
des animaux, de l’orgasme, de l’adultère et de la jalousie, et
bien d’autres. Le présent ouvrage met l’accent sur les symboles
et les motifs – souvent cachés – qu’il est essentiel de
décrypter pour comprendre et apprécier pleinement ce genre
artistique. Longtemps demeurées tabous, les shunga étaient, encore
récemment, bannies du champ de la recherche : préfacé par Andrew
Gerstle, professeur à la faculté des études orientales et
africaines de l’Université de Londres, ce livre ambitieux rend à
ces chefs-d’œuvre la place qui leur est due dans l’histoire de
l’art, de la culture et de la société du Japon. Avec plus de 1
200 illustrations, toutes reproduites spécialement à l’occasion
de cette parution et en grande partie inédites, ce bel ouvrage
constitue une exploration sans précédent de la richesse foisonnante
des « images de printemps ». Reproduction exceptionnelle de plus de
1200 œuvres, en partie inédites, de la collection Ofer Shogan,
unique au monde. Une somme sans équivalent.
Avis.
Dans
son ouvrage, Ofer Shagan nous présente sa collection de shunga en
les classant par thèmes : par exemple, l'homosexualité ;
la femme dans les shunga ; les animaux et les démons, etc. Dans
ces thèmes, il présente plusieurs « images de printemps »
qui illustrent ces thèmes et il y ajoute un commentaire afin
d'expliquer comment était perçu ces images par les gens, leur
symbolique et quelques fois, le message qu'elles transmettent.
La
femme dans les shunga : dans ces images, il y a des femmes
de toutes les classes sociales (les femmes mariées, les courtisanes,
les servantes). Le plus souvent quand une femme mariée est
représentée, elle est accompagnée de son mari ; dans quelques
rares cas, elle est avec son amant. Certaines images nous présentent
des femmes jalouses : cela peut nous faire penser que l'amour
est une chose importante pour la femme.
Les
quartiers de plaisirs et les courtisanes : ces quartiers de
plaisirs vont de plus en plus se développer pendant l'époque Edo :
le plus grand et le premier quartier de plaisirs est celui de
Yoshiwara. L'auteur nous montre que ce quartier, il y avait
« uniquement » les personnes riches qui s'y rendaient :
la plupart était des marchands ; quelques fois, on y voyait des
fils des personnes riches car ces dernières payaient leurs fils pour
qu'ils aillent dans ces quartiers car cela était « à la
mode ». Il précise aussi que même les moines venaient rendre
visite à ces quartiers. La plupart des femmes de ces endroits
étaient des esclaves sexuelles, c'est-à-dire qu'elles étaient
achetées à leurs familles quand elles étaient petites.
Les
quartiers de plaisirs et les courtisanes sont un des principaux
thèmes des « images de printemps ».
Les
hommes dans les shunga : les premiers hommes peints sur des
shunga étaient des samouraïs, des aristocrates, des marchands et
des moines. Ensuite, il y a une autre catégorie d'hommes sur les
images qui étaient les plus souvent des voyeurs voire des
domestiques. Les hommes dans les shunga sont tous les âges et de
toutes les catégories sociales.
Nudité
et vêtements : les vêtements dans les shunga nous donnent
des informations sur les saisons et sur le milieu social. Dans la
plupart des shunga, les couples sont vêtus entièrement ou
partiellement. Les vêtements sont représentés très précisément :
cela semblait être un défi artistique pour les peintres. Les
vêtements sont le plus souvent voulu car cela rend le dessin plus
érotique que si les personnages étaient totalement nu (comme dans
le Genji Monogatari qui montre que « la nudité absolue
n'éveille aucun désir »). Donc, on peut dire que les belles
étoffes étaient désirables.
Une
question de taille : on remarque que les membres virils
étaient dessinés de façon démesurée. Selon Ofer Shagan ,
l'explication de la grande taille des verges était dû au fait que
les hommes avaient besoin d'affirmer leur supériorité masculine.
Artistiquement, il pense que le but est de retenir l'attention du
spectateur.
Décor
et détails : le
sujet central d'une shunga est l'acte sexuel qui permet de faire
passer un certain message. Cependant, la partie la plus grand du
message transmis se trouve dans les décors et les détails de
l'image : par exemple, deux oiseaux d'eau sur un paravent
indiquent que les deux personnages s'aiment et qu'ils resteront
fidèle l'un à l'autre.
Images
symboliques et éducatives :
les symboles les plus répandues sont les coquillages qui
représentaient la vulve. Certaines shunga visaient à apporter des
connaissances en anatomie et des conseils pour donner du plaisir.
L'art
érotique contemporain : la création d'art érotique n'a
jamais cessé au Japon. Pendant l'ère Taisho (1912 – 1926), cet
art a pris la forme de photographies misent dans les magazines dans
le but d'aider à la masturbation. Cependant, l'art érotique est
vite devenu la même chose que la pornographie (certaines personnes
confondent la pornographie et l'érotisme) et prend le nom de
« hentai ».
L'art
érotique a toujours circulé librement jusqu'à l'ère Meiji (1868 –
1912) et jusqu'à l'arrivée de missionnaires chrétiens venus
d'Occident qui ont exercé de fortes pression contre cet art.
L'art
érotique a longtemps fait partie de la vie quotidienne des
japonais : il montraient quel était le style artistique et les
habitudes culturelles des périodes passées. Mais, rapidement, cet
art est devenu essentiellement pornographique.
Anne-Laure Guichard / Hazan (Beaux-arts) / 2014 / 472 pages.
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